Arequipa & le canyon de Colca

Notre prochaine et dernière aventure péruvienne nous amène à Arequipa, lieu de départ des excursions pour le Canyon de Colca, où nous effectuerons un trek de 3 jours, avant de mettre le cap sur le nord du Chili. Vamos, chicos !

Arequipa, la ville blanche

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Arequipa est située dans la région du même nom, qui compte environ 1,2 millions d’habitants. La région est truffée de canyons, majoritairement creusés par les rivières Ocoña et Majes. Sa capitale, Arequipa, est la deuxième ville la plus peuplée du pays.

Elle est surnommée la ville blanche (La Ciudad Blanca) en raison de la couleur immaculée de ses murs, construits à l’époque coloniale avec de la pierre volcanique (sillar). En plus du cachet particulier qui se dégage de son architecture, la ville est dominée par plusieurs volcans en arrière-plan, notamment le volcan Misti (5822m), symbole de la ville que l’on retrouve également sur les bières, ce qui lui confère une ambiance toute particulière.

C’est une des destinations les plus prisées du pays, non seulement pour le côté paisible de la ville, mais également pour les treks dans le canyon de Colca situé à une centaine de kilomètres de là.

Comment relier Arequipa depuis Cusco ?

Pour rejoindre Arequipa, il existe de nombreuses lignes de bus à partir de Cusco. Pour notre part, nous avions pris la compagnie Tepsa, moins chère que les autres compagnies trouvées sur internet pour un confort équivalent. En réalité, sur place, il y a littéralement des dizaines de compagnies ! Inutile donc d’acheter ses billets à l’avance sur le web, il y aura toujours une compagnie avec des places libres.

Pour avoir passé 5h dans le terminal de bus de Cusco, je vous déconseille fortement de faire le même : c’est bruyant (Lima Lima Limaaaaaaaaaaaa répété en boucle toutes les 30 secondes par chaque vendeur de ticket du terminal), sale et pas très rassurant. Pour couronner le tout, excepté les mêmes sandwichs au fromage partout, il n’y a absolument rien à se mettre sous la dent ; si vous le pouvez, évitez donc de passer trop de temps ici (comme dans la plupart des terminaux de bus).

Une fois vos billets en main, n’oubliez pas d’aller payer votre taxe au guichet (c’est celui où vous vous demanderez pourquoi les gens font la file à cet endroit), sinon vous ne pourrez pas rentrer dans votre bus, qui partira sans vous, avec vos bagages.

Petit détail amusant, selon le « luxe » de la compagnie choisie, certains se croient au niveau 4 de l’OCAM et vous font limite passer aux rayons-X ; dans notre cas, photo, empreintes, et contrôle anti-bombe du sac. Mon sac à dos était tellement rempli qu’elle m’a juste demandé si j’avais des trucs dangereux dedans … bref, du grand cinéma pour pas grand-chose (libre à vous de faire le parallèle avec d’autres niveaux 4).

Autre détail, certaines compagnies (c’était le cas de Tepsa) offrent un repas et une boisson. Renseignez-vous avant, car même si c’est digne de la bouffe de British Airways, ça serait bête de ne pas en profiter ; après tout, vous l’avez payé dans votre billet.

El Albergue Espagnol

Après un trajet de bus de nuit d’une dizaine d’heure, nous apercevons enfin Arequipa. Comme un peu partout en Amérique du Sud, le terminal est situé dans la zone la plus pourrie de la ville (à croire qu’ils veulent que les passagers se fassent dépouiller à leur arrivée), et nous prenons donc un taxi pour nous rendre à notre hostal, El Albergue Espagnol.

L’auberge est idéalement située dans le centre d’Arequipa, et est très bon marché : 42 soles la chambre double (soit environ 12€). Après nos expériences passées des auberges bas de gamme, on s’attend au pire ; il n’en est rien ! Les douches communes sont propres, il y a une immense terrasse qui donne sur la ville et les volcans environnants, il y a du wifi gratuit partout, et la chambre est tranquille, bref, la meilleure auberge que nous ayons eu jusqu’ici. Je vous la recommande chaudement !

 

Mirador Misti, ceviche & rocoto relleno

Après nous être installés confortablement à l’auberge, nous partons visiter la ville et nous mettons à la recherche d’un restaurant. Il fait très chaud, et la pénurie d’ombre due à l’architecture plate de la ville nous pousse à nous installer au plus vite. Nous choisissons un petit restaurant, le Mirador Misti, qui a l’air de disposer d’une belle terrasse, et qui présente une carte très étoffée.

Nous montons nous installer, et là, surprise : la terrasse, qui avait l’air bien de l’extérieur, est en réalité MAGNIFIQUE ! C’est dans ce cadre idyllique, dominé par les volcans, que nous portons notre choix sur deux spécialités locales : le classique ceviche, ici composé de poisson et de conga nera (une sorte de coquillage noir, très utilisé dans les ceviche), légèrement relevé et accompagné de patates douces, ainsi que le rocoto relleno, le fameux poivron très piquant farci à la viande et fromage, le tout accompagné par la bière locale, l’arequipeña.

Les plats sont corrects, sans casser des briques ; le ceviche est légèrement trop citronné, tandis que le rocoto relleno manque de punch (viande un peu fade, poivron pas si piquant que ça). Nous passerons un très agréable moment malgré tout. Un bon endroit pour déguster une bonne bière bien fraîche en profitant de l’une des plus belles terrasses de la ville !

 

Plaza de armas & alentours

Comme le veut la tradition, la ville dispose d’une plaza de armas, la Grand-Place, où la majeure partie des habitants se prélasse. C’est une très belle place, très agréable, très animée. Les alentours sont plus quelconque, constitués de boutique de vêtements, de fast-food ou de boutiques de souvenirs ; malgré tout, il fait bon se promener au gré des rues de la cité blanche.

Plus tard, nous nous rendons au marché de la ville, véritablement immense comparé aux marchés que nous avons pu apercevoir jusqu’ici au Pérou. Du poisson plus très frais resté sur l’étal toute la journée picoré par les mouches (miam) au kilo d’avocats vendu pour une bouchée de pain, on retrouve absolument de tout ici. Pour les plus aventuriers, il est possible de manger sur place pour une poignée de soles parmi les locaux …

 

ZigZag

Après l’expérience culinaire un peu décevante de la veille, le lendemain, nous décidons de nous fier à tripadvisor pour le lunch, et nous rendons au restaurant ZigZag, classé numéro 1. Nous nous y rendons à 12h30, ce qui nous vaut d’être les premiers, et d’obtenir les meilleures places du restaurant. Nous pouvons également profiter des menus, servis entre 12h et 16h.

Notre choix se porte sur deux menus, le menu andin, et le menu amazonien. Le premier est constitué d’une salade d’avocats en entrée, de viande d’alpaga, de porc et de bœuf cuite sur roche volcanique en plat, tandis que le deuxième se compose d’une salade de cœurs de palmier et de porc fumé en entrée, suivi de filet de perche d’Amazonie en plat. Pour accompagner le tout, je porte mon choix sur le Tacama seleccion especial, mon premier (et dernier, malheureusement) vin péruvien, réalisé à partir de petit verdot et tannat.

Verdict : superbe ! Bien que simple, la cuisine est ici parfaitement maîtrisée, et la qualité des produits fait toute la différence. Les viandes et le poisson sont succulents, accompagnés de 4 sauces maisons dont j’aurais voulu voler la recette ; le vin est une très agréable surprise, à mi-chemin entre rondeur et fruit ; et enfin, l’addition se révèle toute douce. Un incontournable à Arequipa !

Mention spéciale pour le trio de pisco servi à l’apéritif, de loin les meilleurs pisco sour que j’ai pu goûter au Chili et au Pérou (ne leur dites pas que je les ai mis dans le même sac, ils m’en voudraient …).

 

Trek de 3 jours dans le canyon de Colca

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Le canyon de Colca est un … canyon (tiens !), creusé par la rivière Colca, situé à 160km d’Arequipa. C’est le troisième site le plus visité du Pérou, avec plus de 120 000 visiteurs par an. C’est le second canyon le plus grand au monde (3270m), juste derrière le canyon de Cotahuasi (3354m) (par comparaison, le grand canyon aux USA est au moins deux fois moins profond). Il est situé dans la vallée de la Colca, une vallée andine aux racines pré-Inca.

Premier jour : montée et descente vers l’enfer

Après nos deux petites journées tranquilles à Arequipa, nous partons de bonne heure (3h du matin) en direction du canyon. Nous sommes une petite quinzaine dans le van, et la plupart dort sur le trajet jusqu’à Chivay, où nous attend notre petit déjeuner. Pour ma part, impossible de fermer l’œil, et je ressens bien vite la montée en altitude (jusqu’à 4900m).

Arrivés à Chivay (3600m), c’est donc pas très frais que je sors du van, malgré les feuilles de coca ingérées le long du trajet. Nous avons vite fait de nous ruer vers le buffet, composé de petits pains, confitures, jambon et café. Une fois le repas terminé, je me sens un peu mieux, et nous repartons en direction du cruz del condor, la première étape du trek.

Cruz del condor

Le cruz del condor est un point de vue qui permet aux touristes d’observer les condors traverser le canyon. En réalité, ça ressemble plus à un rassemblement de pigeons qu’autre chose, car ils ont oubliés de demander aux condors de traverser par là 🙂

Nous sortons de la voiture, et mon état est redescendu au niveau d’avant le petit déjeuner. Bien que nous soyons à une altitude inférieure à celle de Cusco, je ressens le soroche, et par conséquent, je décide de me reposer au-dessus, en attendant de me sentir mieux. Ironie du sort, pendant que l’armée de photographes avides d’oiseaux se borne à scruter l’horizon à la recherche d’un condor dans les zones aménagées, nous en apercevons un au-dessus de nos têtes, et je serais le seul à en avoir un en photo 🙂

 

Cabanaconde

Bien vite, nous arrivons à Cabanaconde (3200m), petit village qui sert de point de départ pour les treks. Suite à cette descente en altitude, je me sens déjà mieux, et après quelques explications de notre guide Vanessa, nous entamons la descente dans le canyon.

La descente se fait en plein soleil, sur un chemin rocailleux et poussiéreux. Ce n’est pas spécialement difficile, mais très rébarbatif: le décor, en plus de ne pas être très impressionnant, ne change que très peu, et le chemin fait de longs détours en zigzag tout le long. Après 1h de descente, les genoux d’Ingrid lui font défaut, et c’est avec peine qu’elle continue la descente. La descente dure 3h en tout, très pénible avec le soleil accablant, et surtout, seuls, car notre guide a disparu depuis longtemps sans nous attendre …

3h et 1500m plus tard, nous retrouvons le groupe (et le guide), et arrivons au premier village où nous passerons la nuit, San Juan de Chuccho. Le confort est rustique, mais au moins, nous avons une cabane privée, et les douches disposent d’eau chaude. Les deux repas que nous avons sur place sont anecdotiques : soupe en entrée, riz et légumes en plat. A noter qu’aucun repas n’inclut de boissons, et que le litre d’eau est vendu pour la bagatelle de 8 soles (soit 2 euros le litre, plus cher que chez nous !), une arnaque dont les tours opérateurs se passent volontiers de mentionner …

Deuxième jour : des hauts et des bas

Pour le deuxième jour, nous avons droit à un déjeuner de fête: des crèpes au dulce de lecche, la normalement délicieuse confiture de lait, ici transformée en pâte à sucre toute sèche (ils ont du laisser le pot sécher la veille). Après ce déjeuner de champion, nous reprenons la route.

Au programme de la journée, 1h de montée, 1h de plat et 1h de descente. Nous devions partir à 7h, avant que le soleil ne cogne, mais l’effet groupe a eu pour conséquence que nous avons démarré plus tard, et avons payé le prix des retardataires par une montée en plein cagnard. Heureusement , les genoux d’Ingrid se sont rétablis, et c’est sans trop de difficulté que nous effectuerons les 3h de marche. Une nouvelle fois, il n’y a pas grand-chose d’intéressant: du désert, des rocailles, peu de changements.

Après les 3h de marche, nous arrivons à l’oasis de Sangalle (2200m), un oasis artificiel aménagé dans le fond du canyon, où l’on a droit à une piscine, ainsi qu’un bar. Pendant qu’Ingrid part se reposer, je sympathise avec les espagnols autour d’une bière, et nous tentons d’oublier la remontée qui nous attend le lendemain matin.

Une nouvelle fois, les repas se suivent et se ressemblent: soupe en entrée, et riz-légumes en plat. Le soir, nous avons droit à une variation: spaghetti bolo sans viande (enfin, il parait que certains ont trouvé des morceaux dans leur assiette) et sans fromage (quoi, le truc blanc dessus, c’était du fromage?). J’ai oublié de mentionner que les assiettes sont minuscules, et que tout le monde meurt de faim après chaque repas (sur le coup, on avait un peu l’impression de participer à Koh Lanta version Pérou).

Nous apprenons à ce moment-là que nous n’aurons droit au petit-déjeuner qu’après la montée. Ha oui, c’est parfait ça, 1000m d’ascension le ventre vide, ça va aider … on décide alors d’acheter des fruits au type de l’auberge, et partons nous coucher dans notre cabane, où tout est ouvert (permettant à la faune locale de rendre visite – les espagnols ont eu droit à la visite d’un scorpion et d’une araignée) et où il fait royalement 2°.

 

Troisième jour : l’épreuve finale

Le troisième jour, nous décidons de partir avant le groupe, armés de nos lampes frontales, afin d’éviter le retard du groupe et de pouvoir faire l’ascension à notre rythme sans nous faire carboniser par le soleil. Ingrid prend sur elle, car ses genoux ne sont pas vraiment au top après les 6h des deux derniers jours, et pour l’aider, je lui fabrique deux bâtons à l’aide de bambous trouvés dans les bois près de notre cabane.

Nous démarrons l’ascension à 4h40, accompagné par le couple de péruviens avec qui nous avons sympathisé la veille au soir, et qui était de notre avis pour éviter le soleil. Très vite, la lumière du jour arrive, et nous pouvons continuer l’ascension sans lampe. Nous prenons notre temps, et avançons lentement, mais sûrement. Grâce aux bâtons, Ingrid réussit à grimper sans souffrir. L’ascension n’est pas vraiment difficile, si ce n’est la raréfaction de l’oxygène au fur et à mesure. Malgré tout, après 3h25, nous arrivons au sommet, une vingtaine de minutes après que soleil ait pointé le bout de ses rayons sur les imprudents tentant l’ascension plus tard. Tout le monde se félicite, et prend des photos, fiers de l’ascension. Pour notre part, on est juste contents qu’Ingrid n’ait pas du utiliser de mule pour remonter 🙂

 

Nous remontons ensuite vers le village, où nous attend notre petit déjeuner. Cette fois-ci, le groupe se révolte, et redemande à manger, affamés après ces 3 jours de diète forcée. Nous repartons ensuite en direction d’Arequipa.

Sur le chemin, nous faisons quelques stops afin de profiter des vues de la vallée de Colca, ainsi qu’au point culminant du chemin du retour, le mirador des volcans, situé à 4900m d’altitude. Cette fois-ci, je ne ressens absolument pas le mal des montagnes, alors qu’il s’agit de l’altitude la plus élevée à laquelle nous soyons allés, ce qui prouve bien que le soroche est très aléatoire.

Passé le mirador, nous redescendons vers des altitudes plus clémentes, faisons encore un dernier stop pour voir les vigognes, et arrivons enfin à Arequipa, heureux que ce trek soit terminé …

 

En conclusion, je pense que vous l’aurez compris au travers de l’article, ce trek nous a énormément déçu. Les vues sur le canyon et la vallée valent le détour (tout particulièrement le mirador des volcans à 4900m), mais la descente dans le canyon lui-même est complètement inintéressante. Si l’on met de côté notre guide inutile, les repas répétitifs et insuffisants, les prix excessifs pratiqués partout et l’organisation pourrie, il en reste que les 9h de marche sont soporifiques, et le voyageur éclairé passera son chemin et investira son temps dans d’autres treks péruviens, bien plus intéressant que celui-ci !

Si malgré tout, vous voulez VRAIMENT le faire, alors ne le faites pas avec un guide / tour opérateur. Nous l’avons fait seuls, vu que notre guide n’était jamais là, et c’est facilement gérable, à condition de s’équiper un minimum (un simple bâton suffit à faire la différence). A bon entendeur !

 

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