Mon beaujolais, roi du gamay

Aujourd’hui, je vous invite à partir à la découverte des vins du Beaujolais, des vins que j’affectionne tout particulièrement depuis de nombreuses années. Victimes d’une mauvaise réputation liée à l’association avec le beaujolais nouveau, les vins du Beaujolais essaient depuis plusieurs années de se débarrasser de cette mauvaise image en proposant des crus de qualité, atteignant parfois même la qualité des grands bourgognes. Si vous faites partie de ces gens qui grimacent lorsque l’on parle de beaujolais, cet article a pour vocation de remettre les choses en place !

Le vignoble du Beaujolais

Carte du vignoble du Beaujolais (source: http://www.wyyne.com)

 

« Il faut s’efforcer d’être jeune comme un beaujolais et de vieillir comme un bourgogne »
– Robert Sabatier

Le vignoble du Beaujolais est situé entre Lyon et Mâcon, dans le département du Rhône. Il est administrativement rattaché au vignoble de Bourgogne, situé plus au nord.

Le vignoble produit majoritairement du gamay noir, un cépage cousin du pinot noir (croisement entre le pinot noir et le gouais). C’est un cépage noir à jus blanc qui donne des vins très fruités et peu tanniques; c’est donc un vin idéal à déguster avec de la charcuterie ou des fromages.

Historiquement, ce cépage fut très planté en Bourgogne au XIVe siècle jusqu’à ce qu’il soit exclu du territoire par Philippe II de Bourgogne, convaincu qu’il dégradait la qualité des vins bourguignons. Il fut alors déplacé en Beaujolais, où il trouva un terroir à sa mesure lui permettant d’exprimer sa finesse.

Le reste de l’encépagement est principalement constitué de chardonnay. C’est une très faible production (environ 4%), et par conséquent elle ne s’exporte presque pas. Dommage, car ceux que nous avons goûtés étaient tous excellents !

 

Appellations du Beaujolais

Une partie de la carte des Beaujolais du bistrot « Le Buffet de la Gare » (Beauville)

Il existe 3 appellations (ou 12, si on compte les appellations locales que sont les crus): les Beaujolais, les Beaujolais-Villages et les crus du Beaujolais. Pour obtenir l’appellation, les vins doivent être exclusivement réalisés à partir de gamay pour les rouges ou chardonnay pour les blancs.

 

Beaujolais

Il s’agit de l’appellation de base la plus étendue sur le territoire. On retrouve des vins frais et gourmands très fruités, aux arômes de petits fruits rouges et aux tannins bien fondus. Idéal avec les charcuteries.

 

Beaujolais-Villages

Si les vins de la partie sud de l’appellation ressemblent à ceux de l’appellation Beaujolais, ceux plus au nord sont plus structurés, plus riches, plus ronds. Avec leur fraîcheur typique, ce sont des vins parfaits pour accompagner le gras de la charcuterie.

Le beaujolais nouveau

Autant en appellation Beaujolais que Beaujolais-Villages, on retrouve le fameux beaujolais nouveau. Décrié des uns, adulés des autres, il faut voir en ce vin ce qu’il est: un vin festif et éphémère. Officiellement lancé le 3ème jeudi de novembre dans le monde entier, ce vin primeur est obtenu à partir de macération carbonique, où les grappes sont mises entières en cuves saturées en dioxyde de carbone (CO2) afin d’accélérer la fermentation. Ce processus particulier confère au vin des arômes de bonbon anglais, de banane ou encore de vernis à ongles. C’est ce côté artificiel qui dérange ses détracteurs, et qui ternit l’image des beaujolais qui peuvent pourtant être les plus grands des petits vins. Vous voilà donc prévenu: n’associez pas beaujolais nouveau avec beaujolais, ça n’a rien de comparable !

 

Les crus du Beaujolais

mont brouilly
Vue du paysage beaujolais depuis le mont Brouilly

Les crus du Beaujolais sont au nombre de 10, à savoir Brouilly, Chénas, Chiroubles, Côte-de-brouilly, Fleurie, Juliénas, Morgon, Moulin-à-vent, Régnié et Saint-Amour. Ces crus se distinguent par les spécificités de leur terroir qui leur confèrent des arômes et des caractères bien distincts.

Brouilly

Il s’agit de la plus grande commune parmi les communes des crus. C’est également la plus méridionale, ce qui se ressent dans le caractère épicé et plus corsé du vin. Malgré tout, les tannins sont bien fondus, ce qui en fait un vin assez rond. Idéal avec la cuisine lyonnaise lorsqu’ils sont jeunes, ou avec de la viande grillée avec quelques années de cave.

Chénas

C’est la plus petite commune de tout le territoire et par conséquent, il s’agit du cru le plus rare du territoire. Il s’agit ici d’un vin de garde, charpenté, qui devient très soyeux avec le temps. Idéal avec de la cuisine de maman pleine de goût, ou avec une bonne pièce de bœuf saignante avec plus de maturité.

Chiroubles

Ici, le côté gourmand du fruit domine, avec une belle vivacité; parfait avec la fameuse rosette de Lyon. Avec quelques années en cave, le terroir va s’exprimer et on pourra alors viser des accords différents, comme par exemple des rognons. Lors de notre passage au Buffet de la Gare à Belleville, nous avons eu la chance de rencontrer le producteur du domaine Cheysson qui nous a fait l’honneur de nous expliquer sa cuvée « La Secrète » et sa méthode particulière de vinification. Sans conteste le meilleur vin que nous avons bu pendant le séjour … tout simplement incroyable.

Côte-de-Brouilly

Plus expressif et plus racé que son homologue voisin, le Côte-de-Brouilly s’exprimera pleinement avec quelques années, et sera un accompagnement idéal avec les abats. Celui que nous avons dégusté était tout simplement divin … Assurément un de mes crus préférés.

Fleurie

On dit du Fleurie qu’il s’agit du plus féminin des vins du Beaujolais en raison de sa finesse et de ses arômes floraux. Il accompagnera parfaitement une terrine ou la cuisine de bistrot en général. En évoluant, des notes d’épices se développent, idéal avec du bœuf persillé.

Juliénas

Les sols maigres et granitiques de Juliénas lui confèrent plus de fraîcheur. Ils restent malgré tout robustes, et peuvent faire de bons vins de garde selon le terroir. Avec quelques années, c’est un vin idéal pour accompagner les plats en sauce au vin, comme un civet de biche.

Morgon

Celui-ci, c’est mon préféré. Vin de garde par excellence (10 ans, parfois plus selon la vinification), il se caractérise par ses arômes de fruits rouges, notamment la cerise, avec une belle évolution sur les épices. Plus charpenté, il accommode à merveille des plats comme le canard rôti ou l’agneau grillé, ou encore les plats aux champignons.

Moulin-à-Vent

Le Moulin-à-Vent est probablement le cru le plus réputé parmi les crus du Beaujolais. Très similaire au Morgon, on dit de lui qu’il ressemble à un beau bourgogne en vieillissant. D’une belle complexité, il accompagne à merveille les plats du terroir.

Régnié

Inscrit parmi les crus depuis 1988 au terme d’une bataille de longue haleine par les vignerons, le Régnié est le plus jeune des crus du Beaujolais. Il se caractérise par ses arômes de fruits rouges et d’épices et par sa fraîcheur. C’est un vin parfait pour une soirée entre copains pour un apéritif dînatoire, ou pourquoi pas, un dessert au chocolat.

Saint-Amour

Le Saint-Amour se situe à mi-chemin entre l’élégance du Fleurie et la gourmandise du Chiroubles. Jeune, il accompagne à merveille la cuisine de bistrot, tandis qu’avec quelques années, il pourra accommoder des plats plus costauds comme les abats ou certains gibiers.

 

En conclusion, j’espère que ce petit articule vous aura ouvert les yeux sur ces merveilles gourmandes que sont les vins du Beaujolais. Lors de notre visite, nous avons pu apprécier la très grande diversité ainsi que la qualité incroyable des crus, qui n’ont certainement pas à pâlir devant les bourgognes. Et le mieux dans tout ça? C’est qu’ils sont abordables !

Vous savez ce qu’il vous reste à faire … 🙂

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