Nous quittons Le Cap en direction de la route des vins, plus précisément vers Stellenbosch qui est, avec Paarl et Franschoek, une des trois villes principales productrice de vin de la région. Notre choix s’est basé sur la proximité des nombreuses wine farms aux alentours, le décor magnifique – la ville étant entourée de montagnes de part et autre-, mais aussi sur la présence du Rust en Vrede, le highlight gastronomique de notre séjour sud-africain. En avant la dégustation !

La route des vins

wine

L’Afrique du Sud possède 110 000 hectares de vignes, soit environ 10% de la surface française, et est classée 9ème dans la production de vin au niveau mondial. Comme mentionné dans l’article précédent, la province du Cap produit la majeure partie du vin sud-africain (à l’exception du Cap Nord), étant donné le climat dont elle dispose ; par conséquent, on y retrouve tous les producteurs de vin du pays.

La région est également réputée pour être une des plus belles régions viticoles au monde. Le tourisme se développe, et les sud-africains ont su intelligemment développer une infrastructure touristique adaptée à la masse croissante de visiteurs, attirés par la région.

Au niveau du terroir, les cépages blancs constituent 63,8% de la production. Le cépage blanc le plus représenté est le chenin blanc, tandis que du côté des rouges, c’est le cabernet sauvignon. Certains cépages ont plus de mal à se développer, de par la dureté du climat, notamment le cabernet franc; très présent dans la région de Bordeaux, il est pratiquement absent en Afrique du Sud, car il réclame beaucoup d’eau et d’attention. Le climat difficile a également pour conséquence une production de vin est très inégale d’année en année.

Stellenbosch, la ville universitaire

Nous quittons Le Cap aux alentours de 16h30, ce qui correspond à l’heure de pointe. Traffic jams around the world … on se plaint chez nous, mais ils sont pas vraiment mieux lotis ailleurs ! Bref, 1h15 plus tard, nous arrivons à notre lodge, situé légèrement à l’extérieur de Stellenbosch, près de la réserve naturelle de Jonkerschoek. La propriétaire, une italienne, nous met tout de de suite à l’aise, et nous nous installons dans notre chambre. Comme nous avons bien mangé à midi (voir article précédent), nous ne tardons pas à aller nous coucher.

Dès le réveil, nous nous mettons en route vers le centre pour prendre un bon déjeuner, vu que nous n’avons plus mangé depuis le Karibu (voir article précédent). Le soleil est de la partie, et nous profitons bien de la ballade en admirant les montagnes environnantes. Stellenbosch étant une ville universitaire, la ville en elle-même ne présente que peu d’intérêt, et passé notre petit brunch, nous remontons du côté de notre lodge, Jonkerschoek, direction Lanzerac.

Lanzerac

Dès l’approche du domaine, on est impressionnés par le décor : l’entrée, bordée d’arbres, amène au cœur du vignoble, où un véritable palace est situé. Les vignobles environnants sont directement bordés par les montagnes, et la quiétude qu’il y règne est vraiment reposante. Après une visite express des lieux, nous nous posons pour une petite dégustation, un excellent sandwich constitué de produits locaux (saucisson de sanglier et, plus surprenant, du bleu ; j’ignorais jusqu’ici que la région produisait également du fromage) et d’un verre de très bon pinotage.

Passé notre pause lunch, nous partons en direction de la réserve naturelle en suivant la Jonkerschoek road. Par moment, le décor fait penser à la Suisse, avec ses montagnes, ses prairies et ses chevaux. Ça me rappelle vaguement quelque chose …

index

Après une bonne marche, nous rentrons au lodge afin de préparer la suite du voyage, et nous apprêter pour ce qui devrait être le meilleur repas de notre séjour.

Rust en Vrede

C’est sur les recommandations d’un de mes meilleurs amis que nous avons décidé de réserver au Rust en Vrede, un domaine viticole qui dispose d’un restaurant réputé comme étant un des meilleurs de la région. Après un court trajet en taxi, où notre chauffeur n’a pas cessé de faire la publicité du Kruger (et lorsqu’il nous a donné sa carte de tour guide pour le Kruger, nous avons compris pourquoi), nous sommes accueillis comme il se doit par un apéritif en terrasse (chauffée s’il vous plaît, il fait froid), un verre de Chardonnay pour madame, et un verre de Sauvignon pour monsieur, accompagné par quelques mise en bouche, pleines de promesses.

Nous passons à table, et optons pour le menu 6 services, avec accord vin pour ma part. Les services s’enchaînent, et nous avons droit tour à tour à une double préparation de langoustine, ensuite, un des plats les plus surprenants qu’il m’ait été donné de manger, la carotte déclinée et sublimée de mille façons – un travail et une qualité sans reproche ! -, un canard cuit à la perfection, du springbok avec déclinaison de chou-fleur, une des meilleures viandes jamais dégustée à ce jour, et enfin, un mix de chocolat et caramel, parfait pour clôturer ce sublime dîner. L’accord vin est impeccable, le service irréprochable, bref, vous l’aurez compris, on a eu droit à un des meilleurs restaurants de notre vie.

Si vous passez par Stellenbosch, n’hésitez pas à faire un arrêt au Rust en Vrede, le restaurant équivaut à un 2 étoiles par chez nous et ce, pour le 1/3 du prix !

Kanonkop

Le lendemain, nous partons visiter quelques domaines avec le guide recommandé par notre lodge, qui s’avère être le même que nous avions choisi quelques jours auparavant : Afrivista. Niel, notre guide, nous récupère au lodge aux environs de 11h15, et nous nous mettons en route pour notre premier domaine, le Kanonkop estate.

Le nom du domaine date d’environ 300 ans. Lorsque les anglais arrivaient au Cap en navire, ils tiraient un coup de canon pour prévenir les viticulteurs de se mettre en route avec les tonneaux, car il fallait 3 jours pour faire le trajet à pied et chariot. Le domaine a conservé le canon comme symbole, représentatif de cette époque.

Aujourd’hui, le domaine appartient à la descendance de Paul Sauer, un ancien premier ministre d’Afrique du Sud. Le domaine produit l’équivalent de premiers crus français, et il faut généralement les garder une dizaine d’année pour qu’ils arrivent à maturité.

Le processus

Notre visite commence par le début du processus, à savoir l’extraction du raisin, effectué par une machine qui le sépare de la grappe. Les raisins sont ensuite écrasés grossièrement, et le jus est stocké dans des cuves en béton (ce qui se fait encore peu à l’heure actuelle). Une fois la température de la cuve suffisante, les peaux de raisins sont rajoutées et mélangées régulièrement, à la main (à l’aide de bâtons, ils ne plongent pas dans la cuve tout de même) pour lui donner sa couleur. Dès que la fermentation est suffisante – parfois aidée par l’ajout de levure – la cuve est vidée et le liquide est stocké dans des cuves métalliques pour terminer la fermentation, tandis que les peaux sont jetées. La cuve est ensuite vidée deux fois, afin d’éliminer un maximum de dépôts (filtrage naturel). Dès que le vin est prêt, il est ensuite mis en bouteille par une machine, et stocké durant une période de plusieurs mois afin de laisser au vin le temps de se remettre du choc de la bouteille (bottle shock). A noter que la machine, tellement coûteuse, est « louée » aux autres fermes environnantes, afin de rentabiliser l’investissement (1.5 milllion de rand, soit environ 100 000 €).

La dégustation

Une fois la visite terminée, nous passons à la dégustation des différents vins du domaine. Tout d’abord, nous avons droit au Kadette, issue des vignes les plus jeunes du domaine (20 ans) : un pinotage rosé, le Kadette rosé, le Kadette Cape Blend, issu d’un mélange de pinotage et cabernet franc, et le Kadette pinotage. Ensuite, nous goutons aux Kanonkop : le pinotage, le cabernet sauvignon, et le Paul Sauer, un blend de pinotage et de cabernet sauvignon.

Sur cette sélection, je retiendrais deux vins : le Kadette rosé, étonnement sec, ce qui n’est pas pour déplaire les réfractaires (tel que votre serviteur) à la soupe de sucre que l’on trouve souvent dans les rosé d’Anjou, et le Kanonkop pinotage, qui présente déjà un fruit et une rondeur à ne pas rougir (ohoh) devant nos premiers crus classiques.

Après cette première dégustation, nous nous mettons en route vers le deuxième producteur.

Soms Delta

Après un lunch relativement copieux, nous arrivons au domaine Soms Delta, situé du côté de Franschoek, dont les vignobles sont situés idéalement au croisement de deux rivières en provenance des montagnes (d’où la provenance de l’appelation, Delta). Niel nous indique tout de suite qu’ici, il ne faut pas s’attendre à gouter du grand cru, mais plutôt du fun wine, à déguster dans un cadre idyllique. Pour accompagner le fun, il nous offre une assiette composée d’une sélection de fromages locaux, du bleu, du brie et du camembert. Il ne nous a pas menti : les vins ne sont pas terribles, mais on s’amuse bien 🙂

A retenir tout de même, le vin de dessert, un rouge pétillant similaire au Lambrusco, tout simplement délicieux !

Camberley

Pour terminer notre tour, Niel nous amène chez un tout petit producteur, Camberley, qui ne dispose que de 11 hectares de terrain. On voit tout de suite la différence avec les mastodontes que nous avons vu précédemment (Groot Constentia, Lanzerac et Kanonkop) : il n’y a que quelques cuves (5, pour être précis), et la majeure partie du travail se fait manuellement. Ils importent même certains cépages qu’ils ne peuvent avoir par manque de place.

Tour à tour, nous goutons les différents vins produits par Camberley, en commençant par les vins bas de gamme destinés aux étudiants (ou aux américains … :-p) et en terminant par les grands crus. Difficile de se rappeler chaque cépage, car nous en avons gouté une dizaine, mais j’en ai retenu 2 : le Philosopher Stone, ainsi que le Shiraz, qui d’habitude a le don de me révulser. Maintenant, peut-être que mon point de vue était biaisé après toutes ces dégustations …. 🙂

 

En conclusion, que vous soyez amateur de vin invétéré ou simple novice, je ne saurais que vous conseiller de faire ces visites (de préférence avec un guide, afin de pouvoir visiter le behind the scenes de la fabrication locale et apprendre les différences essentielles entre la viniculture en climat chaud et climat tempéré). Si vous décidez de prendre un guide, je vous recommande vivement Afrivista, Niel est tout simplement un guide génial, qui explique en détail chaque chose de manière amusante, et qui connait chaque recoin et chaque producteur de la région. Nous avons passé une excellente journée à ses côtés.

 

 

Voilà qui conclut nos aventures sud-africaines, rendez-vous en Chine pour la suite !

Derniers articles

sur le même sujet